Oubliez l’effet Mozart et le Baby Einstein, allez-y doucement sur les acquisitions pour la bibliothèque privée de votre enfant de deux ans, et ne vous inquiétez pas si votre enfant de trois ans n’a pas encore commencé ses leçons de violon.
La musique et ses pouvoirs sur l’enfant
La clé de l’intelligence et du bonheur potentiel d’un enfant peut en effet résider dans la musique, mais succomber au rouleau compresseur commercial qu’est l’industrie de la fabrication de génies pour bébés n’est peut-être pas dans l’intérêt de votre enfant ni de votre porte-monnaie.
Essayez plutôt d’inventer des chansons avec votre tout-petit. Une nouvelle étude suggère que la pratique régulière et informelle de la musique avec de très jeunes enfants pourrait même avoir des effets bénéfiques supérieurs à ceux de la lecture. Certains cd de musique pour enfants permettraient de développer la croissance intellectuelle des jeunes enfants.
Mais il y a un piège important, intéressant et quelque peu magnifique : pour de meilleurs résultats, faites de la musique partagée à la maison.
Dans une analyse des données générées par une étude portant sur plus de 3 000 enfants, une équipe de l’Université du Queensland a examiné les liens entre l’éducation musicale informelle à la maison pour les très jeunes enfants et les résultats cognitifs et socio-émotionnels ultérieurs.
L’équipe a constaté que l’apprentissage informel de la musique à la maison à partir de l’âge de deux ou trois ans peut conduire à une amélioration de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences sociales, de l’attention et de la régulation des émotions à l’âge de cinq ans.
Mesurer l’impact de la musique
En mesurant l’impact de la musique et de la lecture, à la fois séparément et dans des échantillons combinés, les chercheurs ont pu identifier les avantages de l’activité musicale informelle par rapport à la lecture partagée des livres, plus particulièrement en ce qui concerne le comportement social positif, la régulation de l’attention et, dans une moindre mesure mais néanmoins significative, la numératie.
Cette étude vise à fournir un compte rendu complet de la manière dont les familles australiennes utilisent la musique dans leurs pratiques parentales et à formuler des recommandations pour les politiques et les pratiques en matière de garde d’enfants et d’apprentissage et de développement précoces.
La musique et sa relation avec le développement mental et social attirent depuis longtemps l’attention des parents, des chercheurs et même des philosophes.
La science a montré que l’effet de la musique sur le cerveau est particulièrement fort, des études ayant démontré une amélioration du QI chez les élèves qui suivent des cours de musique. Des avantages en classe ont été identifiés pour les élèves qui étudient les instruments de musique, et les effets du vieillissement sur la cognition pourraient même être atténués par une activité musicale tout au long de la vie.
En quoi cette étude est-elle différente, hormis le fait qu’elle se concentre sur la petite enfance ?
Il est essentiel de noter que les résultats sont basés sur des situations où les activités musicales de l’enfant étaient informelles et partagées, généralement avec un parent, essentiellement une expérience sociale ludique.
Créer des activités musicales originales
Des activités musicales simples et amusantes peuvent avoir un impact considérable sur le développement de la numératie et de la littératie, essayez d’improviser une chanson pour compter ou inventer de nouvelles rimes sur des airs familiers.
Mais le véritable pouvoir du jeu musical réside dans le mélange unique de créativité, de son et d’interaction en face à face, l’apprentissage est renforcé par sa base dans une relation émotionnelle positive et empathique.
Les parents inscrivent de plus en plus souvent les très jeunes enfants à des cours de musique spécialisés, ce qui constitue sans aucun doute une évolution positive. La lecture, cependant, est rarement « externalisée » de cette manière, et cette étude suggère que les parents devraient se sentir encouragés et habilités à puiser dans leur propre musicien intérieur avant de chercher à l’extérieur de la maison.
Comme pour la plupart des aspects de l’éducation des enfants, rien ne remplace l’implication personnelle des parents, même si cela implique des modes de comportement oubliés depuis longtemps, comme le simple plaisir de faire des sons.
Nous sommes tous nés avec le plaisir de jouer avec les sons, les tout-petits sont d’ailleurs les plus grands virtuoses de l’humanité à cet égard mais trop d’entre eux sont réduits au silence au fil des ans par la brigade du « mieux vaut voir qu’entendre ».
Ce n’est pas par hasard que nous parlons de « jouer » d’un instrument de musique, une tournure de phrase qui devient trop facilement tristement ironique si les structures des cours de musique formels se calcifient en stricts.